«Vous qui venez de quitter le monde, est-il bien vrai qu’il y a des âmes qui n’aiment pas notre Jésus ? » : ainsi s’adressait Sœur Marie-Aimée de Jésus, à l’une de ses novices.

«Hélas, oui !…»
«Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit, répliqua Soeur Marie-Aimée, je le crois un instant, et après, je ne puis plus le croire… notre Jésus si beau, si bon, si aimable !…»
Dorothée Quoniam naquit le 14 janvier 1839 dans une très pauvre maison d’un modeste hameau du Cotentin : le Rozel.
Son père, jardinier, avait bien du mal à gagner la vie de sa famille et Dorothée partage dès sa naissance la pauvreté de l’Enfant de Bethléem.
Dès quatre ans, sous l’influence d’une grâce puissante qui lui révèle la grandeur du Très Haut, elle promet d’appartenir à Jésus-Christ.
«Un jour je fus vivement frappée d’un nom dont [ma mère] l’appelait après l’Écriture et qui lui convient si bien, le Très-haut ! L’entretien fini, je me retirai à l’écart pour le méditer à souhait. Le Très-haut, répétais-je en regardant le ciel, le Très-haut ! Puis abaissant les yeux sur moi-même : que je suis petite, me disais-je. Mon Dieu posait en moi la base de ses opérations, l’humilité. Le Très-haut, repris-je, mais cette fois en déployant sous le souffle de l’Esprit Saint les ailes de mon âme, et étant ainsi arrivée à Celui qui m’attirait, le Père, je fus par lui fiancée à son Fils. J’avais environ quatre ans» (p. 5 de l’autobiographie).
Cette autobiographie a été publiée en 2024 aux Editions du Carmel. Elle est également disponible à l’accueil du Carmel voir : Notre travail.
Sa mère, très versée dans la science des saints, respecte en sa fille l’oeuvre de Dieu qu’elle seconde merveilleusement par des soins maternels surnaturels et éclairés.
«Ma mère était une sainte qui avait pris Marie pour modèle… Du cœur de ma mère, Dieu choisit mon cœur pour y allumer, dès mon entrée dans la vie, le feu de son amour» (p. 2)



Dans l’espoir d’améliorer les conditions de vie de sa famille, le père vient s’installer à Paris avec les siens. Mais, en quelques années, tous moururent de misère et Dorothée reste seule survivante.
Recueillie à l’orphelinat des Filles de la Charité de Saint Roch, elle est heureuse d’habiter sous le même toit que son Jésus.


Elle désire entrer au Carmel, mais son tuteur cherche à la marier :
«J’avais dix-huit ans et demi : la conversation tomba, évidemment à dessein, sur un sujet qui jusque-là avait été complètement négligé ; on finit par me faire à mots couverts une vraie proposition de mariage. L’inconnu rougit et baissa les yeux, car j’avais répondu par un sourire ironique qui avait atterré les témoins. Qu’était-il arrivé ? Mon divin Fiancé s’était montré aux yeux de mon âme, non plus comme aux premiers jours de ma vie, en tant que Dieu, dans le sein de son Père, mais en tant qu’homme dans tout l’éclat de sa jeunesse et de sa virginale beauté. Il s’était placé à côté de son rival, et du regard, oh ! quel regard ! il me dit : compare… Or, la différence était insoutenable…» (p. 173)

Enfin, le 27 août 1859, le Carmel de l’Avenue de Saxe, à Paris (actuellement à Créteil) lui ouvre ses portes.
La solitude, le silence, l’amour de la Personne de Notre Seigneur, ces caractéristiques de la vie carmélitaine correspondaient à ses attraits profonds. Malgré sa faible santé, elle est admise à la Profession. Pendant la retraite qui la prépare à ce grand acte, elle reçoit une vive lumière sur l’âme de Notre Seigneur. C’est à cette source inépuisable de grâce et de sainteté, l’Ame du Christ, que Soeur Marie Aimée de Jésus va puiser désormais pour sa vie spirituelle.
«J’avais vingt-deux ans, mon mariage mystique avec l’Époux des vierges venait d’être conclu, son amour seul l’y avait contraint, je n’en pouvais douter ! J’avais donc son cœur, ce cœur tant aimé et si digne de l’être. Oui, mais ce n’était point assez, et Jésus voulut me révéler définitivement et au grand jour ce qu’il y a en lui de plus intime, en même temps que me faire don de ce qu’il a de plus cher, son âme !» (p. 304).
La troisième fenêtre ouverte à droite est celle de la cellule où elle eût la vision de l’Âme Sainte

Le jour de sa Profession, elle s’écrie : «Je ne suis plus à moi, je suis à Jésus-Christ, à l’Église et aux âmes…» (p. 309)
Le Seigneur lui montre vite qu’il a agréé l’offrande totale d’elle-même qu’elle lui a faite au jour de ses voeux : épreuves de toutes sortes, nuit de l’esprit, rendent son amour plus pur et plus dépouillé, capable de la grande oeuvre que Dieu va lui demander.
En 1863 paraît le livre de Renan niant la divinité de Jésus-Christ.
Blessée au vif dans son amour d’épouse, Soeur Marie Aimée saisit la plume sous l’inspiration de l’Esprit Saint : « J’ai aimé, c’est pourquoi j’ai écrit » , dira-t-elle plus tard pour définir son oeuvre.
Ce que j’ai écrit, c’est ce que ma foi, la foi de l’Eglise, ne pouvait plus garder au fond de mon âme d’épouse : à savoir que Jésus est le Fils éternel du Père éternel, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, incarné dans le temps et fait homme dans le chaste sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint Esprit.
Ainsi naquit le livre intitulé :
« Jésus-Christ est le fils de Dieu » .

C’est une merveille que cette petite paysanne du Rozel, sans préparation humaine, ait pu écrire un ouvrage d’un telle précision théologique. Visiblement l’Esprit Saint était à l’oeuvre, le Seigneur l’instruisait.
C’est la Sainte Ecriture, surtout l’Evangile, qui sert de base à son exposé, chaque chapitre comportant une application pratique à la vie intérieure.
Pendant la guerre de 1870-71 et les horreurs de la Commune, Soeur Marie Aimée soutient ses soeurs par sa tranquille confiance et son inaltérable paix intérieure.
Statue du Sacré-Coeur avec laquelle Soeur Marie-Aimée dansa, dans un transport d’amour (conservée au Carmel)

«Sa chair et son sang me servent de nourriture, je suis sa bien-aimée de toute éternité. Il a fait une transfusion de son Âme dans mon âme, il a uni son Cœur à mon cœur…» (p. 828).
Durant les dernières années de sa vie, malgré sa très faible santé, elle a la charge des novices. Pendant qu’avec zèle et amour elle forme des âmes pour son Seigneur, Lui-même perfectionne son oeuvre en son âme.
Atteinte par une mauvaise grippe qui dégénère en pleurésie, elle meurt dans un ultime élan d’amour vers son Jésus après avoir partagé avec lui l’épreuve de l’abandon de Dieu, le 4 mai 1874.
«En apprenant à connaître l’Âme de Notre-Seigneur, les hommes se souviendront qu’eux aussi ils ont une âme et ils seront portés à l’étudier ; et en aimant celle du Fils de Dieu, ils se sentiront attirés à l’imiter» (p.896).
Pour en savoir plus : www.soeurmarieaimeedejesus.carmel-creteil.org
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